Survivre à l’exil…

Survivre à l’exil…

September 16, 20243 min read

Survivre à l’exil…

La mousson de l’année 1977 fut particulièrement abondante. C’est en cette saison que plusieurs Laotiens choisirent l’exil afin d’échapper à la répression communiste qui faisait rage depuis 3 ans.

Leune Saliphod, qui servait dans l’armée royaliste qui combattait les communistes avait déjà fuit en Thaïlande. Somchay, qui avait troqué sa montre à un soldat pour des gougounes, réveilla ses deux jeunes filles (Khaykham, 5 ans et Chansamone, 6 mois) en pleine nuit vers 4h du matin pour partir. Trois jours de marche au travers les montagnes les attendaient.

D’autres familles les accompagnaient dans ce périple plus que dangereux. Somchay se souviens avec émotion du courage de sa fille Khaykham. C’est la petite de 5 ans qui ouvrait la marche pour le groupe. Elle était déterminée à aller retrouver son père. C’est elle qui portait le sac contenant toutes les affaires que possédaient la famille, tandis que Somchay portait sa fille de 6 mois. Khay n’avait pas peur de sauter sur une mine anti-personnelle, même si elle se rappelle avoir vue les conséquences d’un tel malheur. Sure d’elle, personne ne la retiendrait.

La nuit tombée, Somchay se rappelle qu’il pleuvait des cordes et que le groupe dormait sur le sol, abrité sous un toit improvisé de feuillage de la jungle. Le groupe fut réveillé par une bagarre qui impliquait Khaykham et un autre enfant du groupe, qu’elle accusait de l’avoir poussé sur le bord de l’abris, sous la pluie, car tous y étaient trop entassés. Elle luttait pour sa survie…

Après trois jours de marche, le groupe devait traverser le fleuve Mekong, qui était devenu un torrent à cause des pluies abondantes. Somchay étaient terrifiée. Elle ne savait pas nager. Le groupe marcha dans l’eau qui leur allait jusqu’au cou. Les enfants eux, ont été mis sur des radeaux de fortune. Ils devaient se faire discrets, des tireurs embusqués avaient l’ordre d’empêcher quiconque qui tentait de traverser la frontière naturelle.

Sur l’autre rive, la famille se cachait chez des amis de Leune pendant quelques jours. Leune se trouvait dans un autre village, à environ 100 km. Lorsqu’on lui informa que sa famille avait réussi à traverser et qu’elle se trouvait chez son ami, il ne le crue pas tout de suite.

L’interlocuteur lui dit que sa femme était avec ses deux filles, une petite blanche et une autre qui parle tout le temps ! Il en était maintenant convaincu.

Somchay est ses filles n’étaient pas au bout de leur peine. Elles durent rejoindre le camp de réfugiés en se cachant dans un autobus. La jeune Khaykham avait attrapé la malaria. Elle plongea dans le coma durant deux jours. On pensait la perdre.

Les Saliphod sont restés presque 2 ans dans le camp de réfugiés où ils durent se battre pour survivre avant d’être accueillis au Canada. Somchay se souviens des multiples bagarres impliquant Khaykham qui protégeait petite sœur, se battait pour la nourriture et le lait, pour sa place.

Arrivés au Canada en 1979 en plein hivers, les Saliphod ont due s’adapter à leur nouvelle vie. Leur esprit battant les imprègne jusqu’à aujourd’hui, chacun à leur manière…

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